Le Christ en Salvator Mundi avec la Madone en prière

Huile sur panneau

51 x 67 cm.
avec cadre tabernacle 78 x 92 cm.

Nous nous trouvons devant une iconographie plutôt rare, qui place dans le même contexte pictural le sujet suggestif du Christ en tant que "Salvator Mundi" et celui de la Vierge en prière, représentée en sa présence.

Les deux personnages, au premier plan, sont représentés de manière solennelle et majestueuse, dans des positions symétriquement opposées, établissant un contact visuel direct entre eux. Nous pouvons également admirer la structure organisationnelle des deux sujets qui, se regardant l'un l'autre, forment une pyramide.

À gauche, nous apercevons le modèle traditionnel du Salvator Mundi, représenté sous la forme d'une demi-figure, la droite levée en signe de bénédiction et la gauche tenant une sphère représentant le globe surmonté d'une croix, symbole de son pouvoir universel, le globus cruciger.

Dans ce cas, contrairement à la formule la plus couramment utilisée pour ce thème, le Christ est représenté légèrement tourné sur le côté, une position qui évite dans une certaine mesure le hiératisme traditionnel, d'héritage byzantin.

À ses côtés se trouve la Vierge, les mains jointes en prière, dont l'image concilie la remarquable force spirituelle du Christ avec une élégance raffinée, soutenue par la superbe capacité descriptive du visage qui se détache du fond sombre.

Le charme du tableau réside dans l'expressivité des deux personnages : aucune angoisse ou souffrance ne s'échappe de leurs visages, mais au contraire, la fixité de leur regard insuffle au spectateur un profond spiritualisme.

Le tableau, de bonne qualité, a été réalisé avec une excellente attention aux détails anatomiques et une étude attentive de la lumière et de la couleur. Les corps émergent de la pénombre avec une remarquable force plastique, envahis par une lumière incidente qui éclaire les couleurs des robes et illumine le teint des traits.

L'œuvre en question fait preuve d'un brio et d'une rapidité d'exécution qui laissent penser qu'il pourrait s'agir d'un maître de Vénétie ou de Lombardie, vraisemblablement actif entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle, qui a grandi dans l'environnement de Titien ou dont il a subi une forte influence. On ne peut exclure qu'il s'agisse d'un auteur d'origine étrangère, vraisemblablement flamand, bien qu'actif en Italie.

Il faut savoir que Titien était le propriétaire d'une véritable entreprise, dont les membres participaient à l'œuvre du maître de diverses manières, directement et indirectement, en terminant des toiles qui venaient d'être esquissées, en reproduisant des thèmes et des compositions à succès, en multipliant les sujets les plus demandés par les mécènes, en utilisant des formules et des schémas de composition déjà éprouvés.

Le tableau est en bon état, restauré.

Complet avec un cadre en bois doré et laqué au temple, non antique.