Narcisse admirant son reflet

(Métamorphoses d'Ovide, livre III)

Huile sur toile

111 (h.) x 113 cm.

Encadré 126 (h.) x 128 cm.

Le protagoniste de notre belle œuvre, attribuée au Français Étienne Allegrain (Paris, 1644 - 1736), est le jeune chasseur Narcisse, fils de Séléné, déesse de la lune, et d'Endymion, célèbre pour sa beauté divine qui fit tomber tout le monde amoureux de lui au premier regard, mais qui fut aussi à l'origine de sa chute.

Son histoire, racontée par Ovide dans le troisième livre de ses Métamorphoses, est l'un des mythes antiques les plus réussis de l'histoire, à tel point qu'il a fasciné et séduit de nombreux artistes.

Nous le voyons représenté avec de longs cheveux blonds, vêtu d'une courte tunique rouge aux détails dorés et de précieuses sandales tressées, accompagné de son lévrier pendant une pause de chasse, buvant au bord d'une fontaine, dont le détail de la sculpture classique de droite, représentant sa mère Séléné, est intéressant.

En se penchant, le jeune homme voit son image se refléter dans l'eau et, sans se rendre compte que cette image n'est qu'une projection de lui-même, il tombe éperdument amoureux de ce beau visage.

Ovide écrit : "Voici les yeux qui ressemblent à des étoiles, voici les cheveux dignes de Bacchus et d'Apollon, et les joues lisses, les lèvres écarlates, le cou d'ivoire, la blancheur du visage baigné de fard... Oh combien de baisers inutiles il donna à la fontaine trompeuse... Il ne savait pas ce qu'il voyait, mais il brûlait d'amour pour cette image...".

Les jours passent inexorablement et Narcisse ne fait que contempler cette image stupéfiante, oubliant même de manger et de boire, jusqu'à ce qu'il soit lentement consumé par cet amour inaccessible et transformé en une fleur, tout aussi belle, qui prend son nom et finit par devenir la fleur symbole du mythe de la beauté.

D'un point de vue purement stylistique, l'œuvre présente une approche classique solennelle, combinée à des détails de composition qui dénotent un style imprégné d'un goût classiciste italo-français, d'où émerge clairement l'influence de Nicolas Poussin (1594-1665), correspondant pleinement au style pictural du peintre parisien Étienne Allegrain.

La structure de la peinture des horizons profonds et la suggestion de sculptures et d'architectures classiques, accompagnées également de l'attention portée à certains effets des nuages à l'arrière-plan, sont des détails qui confirment cette référence.