Annonciation (ou Madone du bel ange)

Huile sur toile

115 x 91 cm.

Encadré 134 x 108 cm.

Œuvre accompagnée d'une expertise du Prof. Emilio Negro.

L'œuvre, sans doute commandée comme objet de dévotion privée, représente l'Annonciation à la Vierge Marie, un épisode de l'Évangile qui se déroule ici autour des deux personnages représentés au premier plan, l'archange Gabriel aux ailes déployées, portrait d'une beauté surnaturelle, et la Vierge;

Nous la voyons ici absorbée dans la lecture d'un livre de prières, les yeux humblement tournés vers le bas en signe de dévotion, tandis qu'un petit chérubin lui tend des lys blancs, symbole de pureté et de chasteté.  

Dans la partie supérieure de la composition se trouve l'image austère de Dieu le Père, avec la colombe rayonnante de lumière, emblème de l'Esprit Saint, entourée d'une volée d'anges qui voltigent dans les nuages chargés de lueurs intenses et de jeux de lumière, en plein style baroque.

Il convient également de noter que l'image de la mère du Sauveur dans une attitude délicatement pieuse, avec son voile jaune, son large manteau bleu et sa modeste robe rouge habituelle d'où dépassent les bords de sa blouse blanche, doit être interprétée comme une sorte de tendre allégorie de l'amour sacré.

Le tableau en question est une intéressante réplique, avec des variantes, de la composition commandée à Francesco Albani pour la chapelle Fioravanti de l'ancienne église S. Bartolomeo de Bologne, inaugurée en 1632, également connue sous le nom de "Madone du bel ange", en raison de l'éblouissante beauté de l'ange annonciateur (source: https://baroqueart.museumwnf.org/database_item.php?id=object;BAR;it;Mus12_D;6;it&cp) [1]

Pour en revenir à notre représentation, il faut donc en attribuer la paternité à un talentueux élève d'Albani qui a su, comme son maître, nous donner une composition véritablement magistrale, sachant mêler la leçon naturaliste des Carrache aux lignes arrondies et au mouvement vif de la poétique baroque romaine.

Vraisemblablement commandé à l'origine pour décorer les murs d'une chapelle aristocratique, il est possible d'identifier son auteur en la personne de Girolamo Bonini dit Anconetano, (Ancône vers 1600 - Bologne vers 1680), artiste méconnu mais de grand talent, actif principalement à Bologne, mais aussi à Rome et à Venise.

Dans la ville aux deux tours, il participe aux fresques de la Sala Farnese du Palazzo Comunale, où, sous la direction de Carlo Cignani, il peint avec les non moins talentueux Lorenzo Pasinelli, Luigi Scaramuccia et Giovanni Maria Bibbiena.

Des compositions qui, comme le tableau examiné, se caractérisent par une vivacité éclatante et captivante au point d'atteindre une combinaison d'effets luministes et de teintes chaudes, inspirées des tableaux du maître Albani mais déjà diluées vers des cadences plus douces qui tendent désormais vers le rococo.

[1] Annonciation, Francesco Albani (Bologne 1578-1660), (Église des saints Barthélemy et Gaète), 1632