Le Christ remettant les clés à saint Pierre (ou Remise des clés)

Huile sur toile

88 x 138 cm.

Encadré 98 x 149 cm.

Le tableau proposé est l'œuvre d'un peintre napolitain du début du XVIIIe siècle : les couleurs sont chaudes, la gamme chromatique est douce, les coups de pinceau sûrs et précis ; les visages prennent forme et expression au point d'être vivants, émouvants et lumineux.

Un sujet extrêmement fascinant est représenté : le Christ remet les clés du Paradis à saint Pierre, symbole de la souveraineté et donc de l'habilitation du premier vicaire du Christ sur terre.

Saint Pierre, premier évêque de Rome et pape, reçoit ainsi les deux clés, l'une en or (allusion au pouvoir sur le royaume des cieux), l'autre en argent (symbole de l'autorité spirituelle de la papauté sur terre), ainsi que le bâton papal, avec la croix à trois branches.

La scène est inspirée d'un passage de l'Évangile selon Jean (XXI,15-17), évoqué par l'inscription ''Pasce oves meas'' (Pais mes agneaux, Pascere vient du latin et signifie paître, nourrir) : Le Christ désigne en effet à Pierre un petit troupeau d'agneaux, symbolisant les fidèles de l'Église, que l'apôtre aura pour tâche de conduire.

Le groupe des chérubins dans les nuages, qui apparaissent comme des créatures impalpables prises dans l'événement dont elles sont témoins, accompagnant la colombe de l'Esprit Saint, est également très plaisant.

La grâce raffinée et naturelle des visages et des gestes, la précision du dessin associée à la délicatesse des couleurs, confèrent à ce tableau la familiarité domestique de la Naples de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe siècle, tempérée par l'esthétique romaine.

De tels indices nous permettraient d'identifier la main de Paolo De Matteis (Piano del Cilento, 1662 - Naples, 1728), l'élève le plus important de Luca Giordano à Naples, et l'artiste qui marquera le développement de l'art napolitain du XVIIIe siècle.

Sa grande capacité a été de faire évoluer le baroque hérité de son maître vers une vision classiciste, presque arcadienne ; ses œuvres, et la nôtre en est un excellent exemple, ont également une forte tonalité narrative et une forte charge sentimentale et émotionnelle.

Les caractéristiques de la toile permettraient de dater l'œuvre de la période classiciste de l'artiste, c'est-à-dire entre la fin du XVIIe siècle et le début du siècle suivant, dans laquelle les racines napolitaines de de Matteis sont évidentes, ainsi que l'influence de Carlo Maratta, qu'il a étudié attentivement lors de ses nombreux séjours à Rome.